19 - Elargissement symétrique de sommet
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Les figures
d’élargissement encore appelées « broadning formations » sont
des structures oscillantes délimitées par deux lignes de
tendances.
À la différence des triangles, qui sont des structures
convergentes, les broadning formations se caractérisent par une
évolution divergente des deux droites de tendance.
Par conséquent, les oscillations sont de plus en plus amples
contrairement aux triangles. Certains parlent de « triangle
ouvert » pour qualifier ces structures, mais ce terme me paraît
impropre et source de confusion, d’autant que la psychologie qui
sous-tend la figure est très différente de celle des triangles.
Vous verrez également parfois utiliser le terme de « expanding
triangle » dans la littérature anglo-saxonne. |
L’élargissement symétrique est la plus connue des figures
d’élargissement. Je l’appelle symétrique par analogie au
triangle, car la direction générale de la figure est globalement
alignée sur l’horizontale.
Il existe en fait deux lignes de tendances, mais celles-ci
divergent presque symétriquement par rapport à l’horizontale,
dans deux directions totalement opposées.
Ainsi la résistance est oblique haussière, donc dirigée vers le
haut et le support est oblique baissier, dirigé vers le bas.
L’action doit évoluer par oscillations entre ces deux lignes de
tendance, celles-ci contrairement aux triangles étant de plus en
plus amples.
Deux points doivent être au minimum touchés sur chaque ligne de
tendance. |
Ici, le sens de
sortie est assez aléatoire se faisant pour 53 % par le haut et
47 % par le bas, soit pratiquement du 50/50, sur les 189
formations étudiées par T. Bulkowski.
Nous sommes donc loin du comportement de retournement quasi
systématique que l’on prête classiquement à ces figures. La
durée de ces figures est de l’ordre de deux mois.
Il est parfois constaté, après quelques points de rotation, une
dérive latérale du cours à l’intérieur du range des lignes de
tendance, sans que toutefois les oscillations touchent ces
dernières.
Ce phénomène peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs
mois. Certains auteurs considèrent que la figure reste quand
même valide et, que dans ce cas, la sortie de la formation est
définie par le débordement du dernier plus haut ou plus bas
marqués sur les lignes de tendance.
Cela me paraît très discutable, car la dynamique oscillatoire de
la figure est alors épuisée. En effet, considérer le point de
cassure par rapport au dernier extrême, n’est pas correcte en
terme de psychologie.
La cassure est définie, comme pour les autres figures
chartistes, par la rupture d’une ligne de tendance et non par le
débordement d’un dernier extrême.
Je considère cette évolution graphique comme un échec de la
configuration, que l’on pourrait appeler sortie horizontale. |
Globalement les
cassures haussières sont observées dans 53 % des cas et font de
la figure une faible configuration de continuation de sommet.
Ainsi, 47 % des élargissements symétriques de sommet casseront
vers le bas dans le cadre d’un retournement.
Cependant, cet aspect global ne donne pas d’élément pertinent
pour une exploitation en terme de trading. Nous allons essayer
d’affiner l’analyse de cette figure.
Ainsi, il est intéressant de constater que sur 100 figures
étudiées, plus de 94 % des cassures haussières surviennent
lorsque le cours de la valeur évolue dans le tiers supérieur de
son range annuel, alors qu’aucune cassure haussière n’a été
constaté dans le tiers inférieur de ce range.
Sortirons donc par le haut essentiellement les valeurs à forte
auto-force relative.
Par ailleurs, 40 % des cassures baissières se produisent dans le
tiers supérieur, 49 % dans le tiers intermédiaire et seulement
10 % dans le tiers inférieur.
La figure apparaît donc avoir plus le profil d’une figure de
continuation haussière que de retournement lorsqu’elle se situe
sur un haut de marché. |
On peut exploiter
les statistiques d’une façon encore plus fine. Ainsi,
la
probabilité de cassure haussière d’un élargissement symétrique
de sommet est de 72 %, 12 %, 0 % lorsque l’on se situe
respectivement dans les tiers supérieur, moyen et inférieur du
range annuel.
Pour une cassure baissière, on passe donc respectivement à 28 %,
88 %, 100 %. En dehors de ces chiffres, une constatation
importante s’impose : les élargissements symétriques de sommet
se situant à proximité d’un plus haut annuel, sortiront
préférentiellement vers le haut dans le cadre d’une
continuation.
En revanche, une telle figure survenant dans les 2/3 inférieurs
du range annuel, aura un fort potentiel de retournement
baissier, puisque dans ces conditions, les sorties haussières ne
surviennent que dans 12 % des cas.
Ceci a bien sûr des conséquences pratiques importantes en terme
de trading et souligne l’ambivalence de cette figure à la fois
forte figure de continuation sur des hauts niveaux de cours
(relatifs) et configuration à fort potentiel de retournement
dans le cas contraire.
Voilà la raison pour laquelle ces figures sont déconcertantes
pour plus d’un intervenant et qu’on annonce classiquement un
fort taux de retournement baissier associé à celles-ci. |
Deux autres
constatations sont intéressantes à mentionner ici.
Tout d’abord la relation statistique qui existe entre le nombre
de points de rotation de la figure (nombre de points touchés sur
les lignes de tendance avec rotation du côté opposé) et la
probabilité de sortie.
En effet, il apparaît que seulement 50 % des cassures
surviennent avant le cinquième point de rotation, et, qu’après
celui-ci, 84 % des cassures hautes et 75 % des cassures basses
ont eu lieu.
Après le sixième point, les chiffres passent à 97 % et 95 %.
Autrement dit, si vous observez une figure d’élargissement
symétrique et six points de rotation, la probabilité de sortie
est de plus de 95 % au prochain test d’une ligne de tendance.
L’autre aspect très intéressant à observer, est l’existence de
ce que j’appelle une « rotation partielle » : l’action, après
avoir touché une ligne de tendance, fait mine de repartir dans
la direction opposée, puis retourne dans la direction initiale. |
Ce mouvement
partiel de déclin ou de hausse (après un contact respectivement
sur la résistance ou le support) est alors associé à une forte
probabilité de sortie du coté de la dernière ligne de tendance
touchée, qui se chiffre à 86 % pour les sorties haussières et 65
% pour les baissières.
Donnons deux exemples d’exploitation pratique des différentes
statistiques données ici.
Si vous observez un élargissement symétrique de sommet, la
présence de six points de rotation, puis la survenue d’une
rotation partielle sous la résistance, sur une valeur dont le
cours se situe dans le tiers supérieur du range annuel, la
probabilité de sortie haussière apparaît maximale.
Votre trade sera construit, raisonné et à faible risque. C’est
la démarche globale de ce livre d’arriver par la connaissance
des comportements les plus probables, à construire les
opérations les moins risquées et les plus profitables. |
Si le cas de figure
n’est pas idéal, avec des discordances techniques, il vaut mieux
ne pas engager son capital et attendre une meilleure
opportunité.
Le marché ouvre tous les jours ! Ainsi, si vous observez à
nouveau un élargissement de sommet, six points de rotation, une
rotation partielle sous la résistance, mais sur une valeur qui
se situe cette fois dans le tiers inférieur de son range annuel,
allez-vous procéder à un achat spéculatif ? Ici, il y a une
discordance manifeste.
Nous avons vu plus haut, qu’une sortie haussière sur ce niveau
de cours est exceptionnelle, même si d’autres critères sont plus
optimistes. Il est donc préférable de ne pas faire ce genre de
trade lorsqu’il existe des éléments contradictoires.
Il faut se limiter à jouer les meilleurs signaux et travailler
avec sélectivité. |



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